Réaction au reportage « Écrans : maman bobo » de 36.9°

/ août 27, 2020

Lorsqu’un média annonce un reportage à charge des écrans, mon radar bipe et mes sourcils se froncent. Chat échaudé craint l’eau froide, comme on dit, et j’ai eu passablement l’occasion d’être mouillé ces dernières années. Ce reportage-ci s’en tire très bien. Mais…

Le 26 août 2020, la RTS proposait un reportage intitulé « Écrans : maman bobo » dans son émission médicale, 36,9°. Heureusement, celle-ci a le bon goût de s’éloigner d’un ton souvent trop sensationnaliste, laissant cette carte à sa consœur Temps Présent.

Ce que je crains généralement, c’est que le message véhiculé soit celui de « c’est la faute aux écrans ». Autrement dit: que les écrans soient responsables de maux. Le reportage de ce soir (qui peut être revu ici) a fort heureusement su prendre ses distances avec ce genre d’approche. Pourtant, j’étais déjà à crier toute mon indignation quand, en guise d’introduction, c’est le français Michel Desmurgets qui était cité. Ce dernier a fait beaucoup parler de lui l’année dernière lors de la sortie de son pamphlet « La fabrique du crétin digital ». Tout au fond de cet ouvrage se trouve un message intéressant (Ne laissez pas vos enfants seuls face aux écrans), mais il est enseveli sous des monceaux de populisme, d’inexactitude et de raccourcis hasardeux.

Heureusement, 36.9° s’éloigne rapidement de ces considérations indigestes pour se focaliser sur des retours du terrain. Et toutes les intervenantes professionnelles ont un message clair et unanime: les écrans ne créent pas ces troubles, mais peuvent agir comme un facteur aggravant. OUI! Je suis 100% d’accord.

Donc là où je pensais devoir dégainer ma plume de déception, c’est plutôt un coup de chapeau que j’adresse. La visée n’est pas culpabilisante vis-à-vis des parents (d’ailleurs, je salue le courage des familles qui ont osé témoigner, ce n’est jamais facile et c’est la porte ouverte aux quolibets), mais surtout on évite l’écueil de la déresponsabilisation.

Si du côté des professionnelles l’angle choisi est parfait, c’est plutôt du côté médiatique qu’il reste un hic (mais il est léger). La manière dont le sujet est annoncé et les références données en introduction orientent encore vers une forme de diabolisation. On attire l’attention sur le nombre d’heures, la voix off commente que les écrans nous rendent captifs, ou mentionne « beaucoup d’écrans » et une « surexposition », ou évoque un « sevrage », alors que ces termes sont trop vagues et/ou renvoient au champ lexical de l’addiction.

Il en résulte toujours que la préoccupation des parents est celle du nombre d’heures passées devant l’écran (on l’a vu récemment avec le confinement). Mais comme les intervenantes l’ont précisé, ce qui pose problème, fondamentalement, ce sont ce que les enfants loupent lorsqu’ils sont face à un écran qui est important. La différence d’approche semble minime, mais elle permet d’éviter de créer petit à petit une image anxiogène des écrans chez les enfants. Faire de la sensibilisation pour les enfants peut être utile, mais c’est avant tout les parents qui doivent être informés. Et là, je rejoins la conclusion de Mme. Moncada en fin d’émission:

Jamais un enfant n’aura un retard d’apprentissage parce qu’il n’a pas eu accès à des écrans. Et c’est pour que ce message passe que les parents de ce reportage ont accepté de témoigner. Ils auraient aimé qu’on les prévienne, ils le font aujourd’hui pour les autres.

Et globalement, des enfants avant 3 ans (même plus si possible), n’ont rien à faire devant des écrans et ce encore moins tout seuls.

Bravo 36,9°, vous avez réussi à apaiser ma température.

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